Mesdames les Conseillères d’État, Chère Mme. Fontanet, Chère Mme. Fischer,
Les restaurants, bars, lieux de nuits et d’animation du canton de Genève souffrent. Nous animons les rez-de-chaussée de notre république et canton. Nous offrons à la population un espace pour se réunir, nous sommes là pour partager les moments de joie et se soutenir dans les moments de tristesse. Nos lieux sont importants pour un équilibre dans le tissu urbain. Est-ce que vous pouvez imaginer une ville où les rez-de-chaussée sont remplis de vitrines vides ou de bureaux ? Notre présence valorise une ville, un canton. La qualité d’un voyage est souvent mesurée par les moments passés dans les restaurants, cafés, soirées, rares sont les villes valorisées par les bureaux d’assurances qu’elles contiennent.
Nous vous adressons cette lettre ouverte afin de faire connaître et reconnaitre nos doléances par vous, vos collègues et la population.
Le manque de consignes et de directives claires édictées par notre gouvernement durant l’augmentation des cas de covid19 couplé avec la campagne de peur sur la population a fortement impacté nos exploitations. Nous avons vécu des annulations en masse en début décembre des réservations de soirées, repas, évènements et diverses organisations pour les festivités de fin d’année. Les groupes et les organisateurs de ces soirées ne voulaient pas prendre le risque d’avoir leurs soirées annulées en dernière minute en cas de confinement ou des mesures plus strictes (souvent annoncées en dernière minute par expérience durant ces derniers 2 ans) ni prendre le risque d’avoir des retombées négatives si leurs équipes contractaient le virus lors d’une soirée (comme nous l’avons vu avec l’acharnement de la presse sur tous ces mois de pandémie).
Ces annulations soudaines portent de lourdes pertes pour les établissements comme les nôtres car nous devons déjà engager et planifier le staff en amont. Une grande partie du travail organisationnel étant déjà fait en novembre et des commandes de matériels de décoration, stocks et provisions sont souvent déjà engagées, non-remboursables et perdues lorsqu’on subit de telles annulations.
Nous ne pouvons pas vous expliquer le désespoir que nous vivons lorsqu’on voit un carnet de réservations qui a été finalement rempli après presque 2 ans perdus se vider de nouveau du jour au lendemain.
Les mesures de 2G et 2G+ non seulement ajoutent une charge de travail pour des équipes déjà au bout du rouleau avec des consignes changeantes depuis presque 2 ans, mais portent un préjudice supplémentaire en réduisant tout simplement la possibilité d’un grand pourcentage de la population de fréquenter nos espaces.
Un exemple simple est que dans un groupe de 6 personnes, si une personne n’est pas vaccinée, ou si une personne n’a pas pu se rendre dans un lieu de test en moins de 24h, les 6 personnes vont renoncer à sortir dans un établissement pour favoriser une organisation privée chez une des personnes du groupe. Autre exemple, une personne dans un groupe est testée positive même sans déclaration de la maladie et sans symptôme ; tout le monde se sent contraint d’annuler. Cela fait qu’un bar, restaurant, café, boite de nuit a perdu de nouveau ses clients.
Notre secteur est le plus impactés par toutes ces mesures. Le télétravail fait qu’il y aura moins de demande de repas de midi et les afterworks sont également compromis dans la foulée.
Le manque de capacité de vacciner rapidement avec une 3ème dose pour la population avec une campagne de peur ainsi que la capacité de test surchargé sont des faits qui ont un impact néfaste direct sur nos exploitations.
Notre travail est centré autour de l’humain, les liens entre les gens, le contact, les discussions, le partage de repas, des discussions autour d’un verre et de ce fait, nous sommes les plus touchés par les mesures sanitaires, nous sommes ceux qui sacrifient et perdent le plus.
Il me semble que notre secteur a joué le jeu depuis 2 ans. Nous sommes restés fermés près de 10 mois et notre métier compromis pendant 2 ans. Mais notre secteur n’a pas reçu les aides à la hauteur de ce qui a été annoncé par le parlement et conseil fédéral.
Une grande partie d’entre nous tombe dans la catégorie de cas de rigueur, mais nous n’avons reçu que des miettes pour compenser les frais fixes sans avoir pu combler les frais variables comme, le marketing, la publicité, le nettoyage et les réparations suite aux détériorations des machines non-utilisées, le vandalisme des lieux fermés, et tout simplement la poussière qui s’accumule lorsqu’on doit rester fermé pendant 6 mois, les dépenses diverses faites pour prévoir une exploitation selon des nouvelles mesures et soudainement, le lendemain, ce n’est plus possible ou compromis par de nouvelles décisions du gouvernement. A cela se rajoutent encore les dépenses que nous avons dû faire pour éviter la faillite suite aux diverses mesures souvent très changeantes (divisions plexi, tentes pour des terrasses, chauffages extérieurs, etc.)
Ce sont des charges non-fixes mais pour lesquelles nous nous sommes endettés, prenant dans nos économies, et pour certains même dans leur épargne retraite pour les payer afin de sauver nos lieux, garder la possibilité de voir de nouveau vivre un jour notre métier de passion autour du partage et surtout au service de la population.
Il va sans dire que notre métier est un travail de passion. Cette lettre ouverte a pour but de vous faire comprendre que nous souffrons et nous avons besoin plus que juste un remboursement des charges fixes. Nous avons besoin d’une vraie aide. L’aide qui nous a été promise par le Conseil fédérale de 20 à 30 % de notre chiffre d’affaires moyen entre 2018 et 2019 ainsi qu’une application rapide des aides à venir.
En attendant votre réponse, nous jouons le jeu, nous avons accepté la surcharge administrative en sus de notre travail d’exploitation changeant et compliqué. Nous avons accepté les RHT qui tardent à nous rembourser, nous attendons que vous nous répondiez sur les questions du paiement de la LPP, les vacances et jours fériés prises ou cumulées. Nous n’avons pas pu travailler ces derniers 2 ans et une grande partie d’entre nous a perdu plus de 50% de son chiffres d’affaires mais est contrainte de payer encore plein pot les charges non-fixes, les frais des multiples relances des affaires après chaque confinement, les frais liés à ses employés pour qui elle s’est battue pour garder et maintenir un espoir de reprendre un travail à 100% car eux aussi, souvent des personnes qui ont aussi choisi ce métier par passion, par leur intérêts d’être au service de gens par leur amour du partage et du besoins de créer des liens avec l’autrui.
En espérant que par cette lettre, vous puissiez mieux comprendre les difficultés auxquelles nous faisons face, nous vous prions d’agréer, Mesdames les Conseillères d’État, Chère Madame Fontanet, Chère Madame Fischer, l’expression de nos salutations distinguées.
Fédération des bars, restaurants et monde de la nuit
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