LETTRE OUVERTE
À l’attention de Madame Fabienne Fischer, Conseillère d’État chargée du
Département de l'économie et de l'emploi (DEE) Place de la Taconnerie 7 CP 3962 1211 Genève 3
Chère Madame la Conseillère d’État,
La politique genevoise des aides pour les cas de rigueur a mis beaucoup d’entreprises, en particulier dans le commerce, en situation plus que critique financièrement.
Chaque canton est libre de prendre ses propres mesures mais les traitements et les méthodes de calcul sont terriblement différents d’un canton à l’autre et la survie des entreprises en dépend.
Les commerçants ont dû mettre la main à la poche pour payer ces fermetures décidées par les autorités.
L’aide fédérale pour les cas de rigueur permet une application rétroactive pour la couverture des frais (fixes et non fixes) afin de soutenir les entreprises qui ont perdu gros durant la pandémie.
Genève, elle, a décidé de n’allouer des aides que pour « les frais fixes non-couverts ».
Ce qui engendre pour les entreprises genevoises qui ont eu une perte de plus de 25% du chiffre d’affaires de tomber dans les cas de rigueur et ces dernières ne disposent d’aucun moyen pour compenser les pertes. Beaucoup de restaurants et bars ont perdu plus de 40% voir jusqu’au 80% de leurs chiffres d’affaires.
Selon votre application, seules les factures des frais fixes (SIG, loyers, Swisscom, etc.) sont remboursées. Mais ni les frais d’ouvertures et fermetures réitérées, les réparations de matériels qui souffrent de ces répétitions par exemple ne sont pris en considération.
De plus, quid des frais pour :
· La publicité pour les relances ?
· Les équipes de montage, démontage après chaque fermeture et réouverture ?
· Les frais d’application des divers règlements pour respecter les mesures sanitaires : scan « covid-pass », surcoûts afin de se conformer aux diverses règlementations contre la covid tels que les plexis, les installations extérieures quand nous pouvions ouvrir uniquement les terrasses, les tests, les désinfectants mis à la disposition du public, etc.
Les aides pour les cas de rigueur, définies par les politiques genevois, n’ont pas couvert ces frais. Ce sont les entreprises impactées par les fermetures qui ont dû les supporter et se retrouvent à court de liquidités.
La manière dont le conseil d’État et l’État de Genève ont appliqué et géré les aides pour les cas de rigueur est déloyale car les entreprises genevoises qui ont souffert de pertes de 40% et plus se retrouvent sans liquidités et sont dans l’impossibilité de relancer leur commerce ou de faire le nécessaire pour les remettre en état après plus de deux ans de fermeture-ouverture-fermeture.
Beaucoup d’entreprises sont outrées et ne sont pas d’accord avec cette méthode d'allocation.
Beaucoup ont perdu gros durant les fermetures « Covid », en particulier les bars et restaurants, les plus touchés, qui ont dû fermer pendant presque 10 mois. Ces dix mois sont dix mois de frais fixes et non fixes à payer mais aucun chiffre d’affaires.
De plus, les restaurateurs et tenanciers de bars qui ont fait l’effort d’ouvrir afin d’assumer leur travail et d’assurer leur rôle dans la société, en maintenant un tissu social précieux, se voient pénalisés car ils ont « travaillé » et fait du chiffre d’affaires pour payer quelques factures de frais fixes.
Ils doivent maintenant rendre l’argent alloué pour les frais fixes vu que les allocations d’aide sont uniquement pour couvrir des frais fixes « non-couverts ». Cette gestion est tordue car non-seulement elle pénalise les commerçants de bonne foi mais également les punit pour avoir voulu travailler afin de couvrir leur frais. Les commerçants ayant essayé de travailler se retrouvent encore plus pénalisés que ceux qui n’ont pas ouvert.
Pour eux, c’est la double peine !
Et comme si cela ne suffisait pas, après 9 mois d’attente des fameuses aides 2022, en plus de se voir signifier le peu qui potentiellement serait perçu, beaucoup d’entre nous ont reçu des demandes de remboursement, pour des raisons littéralement incompréhensibles. Celles-ci viendraient d’erreur du DEE ou parce que l’entreprise aurait pu partiellement ouvrir comme décrit supra.
Pour terminer, bien que le Conseil Fédéral ait permis l’extension des aides de cas de rigueur pour le 2e trimestre 2022, Genève s’est encore une fois distinguée par un manque de générosité à l’endroit des entreprises et n’a même pas mis en place la possibilité d’en faire la demande.
Il semblerait de surcroît que pour défendre la DEE, des avocats externes ont été engagés aux frais des contribuables au lieu de verser à juste titre les aides allouées par le Conseil Fédéral pour soutenir le tissu économique local.
De qui se moque-t-on ?
La Fédération des bars représente plus de 100 bars.
Soudés et solidaires dans cette situation calamiteuse, nous nous sommes fédérés pour être entendus.
Nous avons commencé à établir une liste d’inscription de citoyens suisses ayant le droit de vote à Genève, dans chaque établissement.
Nous réunirons 1000 voix avec simplement 10 inscriptions par établissement, 2000 voix avec uniquement 20 inscriptions par établissement, etc…
Nos restaurants, cafés, bars, clubs, bistrots, commerces sont importants pour une attractivité et une qualité de vie dans notre canton et les aider à relancer la Vie Genevoise qui se meurt est essentielle pour ne pas sombrer dans une ville de bureaux, d’assurances et de bancomats.
Pour rappel, nous sommes un des plus gros employeurs du canton.
Que le soutien au commerce local ne soit pas qu’un argument électoral mais une réalité !
Soumis à plus d’une vingtaine de taxes en tous genres : nous payons des taxes touristiques, nous payons l’occupation du domaine public pour les terrasses, nous payons des droits d’exercer, nous payons des autorisations d’animation, nous payons des autorisations d’ouvertures prolongées et bien d’autres.
Nous payons les augmentations d’énergie, les augmentations des matières premières, les augmentations des salaires minimaux imposés pendant la covid et toutes les autres charges que nous payons déjà.
Mais quelle va être la note au final ?
Pour le moment les restaurateurs s’obligent à prendre diverses mesures pour survivre.
Y ajouter le début des remboursements de crédit covid, c’est purement une mise à mort.
Harcèlement administratif et policier découragent les commerçants et poussent les genevois, lassés de cette ambiance rendue morose par votre politique de décroissance, à quitter Genève à chaque occasion pour d’autres villes plus vivantes et attrayantes.
Madame la Conseillère d’État, élue du parti « Les Verts », votre gestion déloyale est non seulement économiquement illogique pour Genève mais également, et c’est un sujet qui devrait vous tenir à cœur, un désastre écologique pour notre planète.
Nous vous prions, chère Madame la Conseillère d’État, d’agréer nos salutations distinguées.
Helen Calle-Lin
Présidente
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